Je m’appelle Valérie, j’ai 56 ans.
Petite fille, j’étais très proche de la nature. Je me souviens d’un gros chêne derrière chez nous, sous lequel j’allais jouer à la corde à sauter. Je m’y sentais bien (déjà !). Nous habitions à St Herblain.
J’étais une enfant très studieuse qui avait de « bonnes notes » à l’école, mais également une enfant introvertie. Si j’adorai être à l’extérieur, j’adorai tout autant me retrouver seule dans ma chambre. Je m’inventais une vie avec mes poupées. Une vie à la campagne style « la petite maison dans la prairie ». J’aurai adoré vivre ainsi.
Je passais beaucoup de temps chez mes grands-parents maternels. Ma grand-mère, également ma marraine, m’a donné l’envie de concocter des bons petits plats. C’était une cuisinière hors norme et elle a su nous régaler de ces recettes jusqu’à ce qu’elle ait 95 ans !
Mes grands-parents habitaient Saint-Nazaire, et j’allais donc régulièrement à la mer avec mon grand-père. J’ai aussi connu avec eux les joies du camping, puis avec mes parents plus tard. Le camping, c’est la liberté !
En plein milieu de la 6è, nous avons déménagé à la campagne. Mes parents nous souhaitaient une vie meilleure. Mon père rêvait de faire son potager (qu’il faisait très bien d’ailleurs). Mais pour moi, ce changement a été difficile. J’ai commencé à prendre du poids et j’ai fait l’objet de harcèlement de la part d’élèves de mon collège mais aussi d’enfants qui vivaient dans le même lotissement que nous. J’étais très malheureuse. Cela a duré les 4 années de collège. On m’appelait « gros cul de mammouth » ou « sorcière avec tes gros yeux ». La gentillesse des gamins entre eux ! J’en ai beaucoup souffert mais je n’en parlais pas. Je passais beaucoup de temps dans ma chambre à écouter de la musique et à écrire des poèmes. Je me sentais un peu seule.
Puis je suis rentrée au lycée pour préparer un bac « techniques quantitatives de gestion » que j’ai eu après mes trois années. Mais déjà, je ne ressentais aucun plaisir à effectuer des tâches administratives. J’avais besoin de contact, de sortir…
J’ai rencontré mon premier mari à l’âge de 15 ans et nous nous sommes mariés quand j’avais 20 ans. Nous avons eu deux fils qui ont aujourd’hui 34 et 32 ans. Je n’étais pas heureuse dans mon couple. Et à l’âge de 25 ans, paf je me prends une grosse claque : on me découvre une grosse tumeur à l’utérus. L’opération est programmée dans la semaine qui suit mais n’a pu aboutir car celle-ci n’était pas sur l’utérus mais touchait le rein, l’uretère, la vessie, la trompe, l’utérus… Bref, une belle cochonnerie ! Rebelotte sur la table 2 semaines après, 8 heures d’intervention puis 3 jours de soins intensifs ! Le chirurgien m’a annoncée, après biopsie, m’avoir retiré une tumeur desmoïde pelvienne qui contenait des phanères ! Imaginez mon interrogation à 25 ans ! Je portais en moi un Alien ! Mon mari et moi nous sommes séparés après cette intervention alors même que mon deuxième n’avait que 7 mois. Pendant les deux années qui ont suivi, j’ai régulièrement été hospitalisée pour des pyélonéphrites à répétition mais je m’interrogeais toujours sur l’origine de cette tumeur…
Durant une de mes hospitalisations, j’ai rencontré Denis mon nouveau conjoint avec qui je partage ma vie depuis 30 ans. Nous n’avons pas pu avoir d’enfant ensemble mais Denis a adopté mes deux fils.
J’ai repris le travail et j’ai eu plusieurs postes en tant que secrétaire. Après avoir passé 7 années chez Cegetel/SFR, j’ai fait une demande de licenciement à l’amiable pour pouvoir suivre une formation d’aide-soignante. J’avais besoin davantage d’humanité, de relationnel, de valeurs bref, tout l’opposé lorsque l’on est chargée de clientèle ! J’ai obtenu mon licenciement en décembre 2004 et j’ai commencé à travailler en maison de retraite en février 2005. J’ai passé le concours d’entrée en école d’aide-soignante en juin 2005 et suis rentrée à l’école du CHU du Nantes en janvier 2006. Mon diplôme en poche en décembre 2006, j’ai commencé ma carrière d’aide-soignante au CHU en pneumologie. Là, j’ai pu assister à des scènes qui m’ont sincèrement choquées… Me serais-je encore trompée ? En tout cas, ce passage m’a permis d’avoir une réponse quant à la tumeur que l’on m’avait retirée. Après avoir fait une chute chez un patient en Réa, j’ai passé une radio du coccyx et le professeur d’astreinte ce we-là me demande pourquoi j’ai des clips métalliques plein le ventre. Je lui explique qu’il s’agit de clips suite à une hémorragie faite au cours d’une intervention pour extraire une tumeur desmoïde pelvienne. Et là, direct : ah ok, je pratique régulièrement ce genre d’interventions en thoracique. Il s’agit d’une tumeur gémellaire ! Pour moi, tout s’est éclairé à ce moment-là. J’ai compris pourquoi je disais régulièrement que j’avais « bouffé » mon jumeau. J’ai compris pourquoi j’achetai toujours des biens par deux. J’ai aussi compris pourquoi mes parents me disaient que je passais mon temps à pleurer dès qu’il faisait nuit et que je détestais qu’ils me laissent en vacances chez quelqu’un sans eux (excepté chez mamie) … J’ai compris pourquoi je ressentais une certaine douleur due à un manque. Il me manquait clairement quelqu’un qui pour moi a toujours été un petit frère…
Puis j’ai continué mon chemin en travaillant dans différents services : cancérologie, traumatologie, médecine… jusqu’à ce que je puisse exercer en salle d’accouchement. Ce fut pour moi un passage inoubliable ! J’ai adoré prendre soin de ces petits êtres, les placer sur le ventre de leur maman, leur donner les premiers soins… Une sage-femme formidable m’a donné l’honneur de pouvoir participer à un accouchement à 4 mains : un jour que je n’oublierai jamais ! J’ai aussi exercé aux urgences gynécologiques et en service de grossesse à haut risque. Ces postes m’ont permis de mesurer combien des femmes se trouvent en souffrance au sein de leur corps, de leur partie la plus féminine et se sentent bien souvent seules. Même si le corps médical est présent, les soignants également, le manque de temps ne leur permet pas de partager davantage de moments avec ces femmes. Elles ont besoin d’écoute, de bienveillance et de bien-être.
Dans tous les services où j’ai travaillé, j’ai ressenti cette frustration de ne pas pouvoir passer du temps avec ces personnes en demande. Je me suis dit que je ne pouvais pas continuer comme ça. Ce n’est pas ainsi que je souhaite prendre soin de l’autre. J’ai besoin d’établir une relation de confiance, d’écoute, de bienveillance mais le milieu médical ne m’offrait pas cette opportunité… par manque de temps et de moyens.
Je suis donc retournée travailler dans les bureaux. Tout d’abord à l’université avant d’entrer en Préfecture après avoir passé un concours de cadre B. Je ne me suis jamais autant ennuyée. Non pas par le manque de travail, mais par le manque d’intérêt que j’y trouvais.
Je me suis dit que passer le concours de cadre A me permettrait d’exercer davantage de responsabilités alors j’ai foncé et encore, je l’ai réussi avec brio. Mais encore, je ne me sentais pas à ma place. Tous les jours, je me disais « qu’est-ce que je fais là ». Plusieurs fois, des collègues m’ont dit que je devrais partir. Mais on se dit que cela va passer. J’ai un travail, un salaire correct donc de quoi je me plains ???? Mais si ce n’est pas cela qui nourrit votre âme, alors votre corps vous le fera savoir. Début novembre 2020, après une année compliquée pour tout le monde, j’ai fait un Burn out. Je suis arrivée un matin au travail après 5 jours de congés où je ne savais pas pourquoi j’étais là. J’ai ouvert ma boîte mail : 195 mails !!! en 5 jours !!! Je ne comprenais plus rien… Moi qui ai toujours recherché de la reconnaissance, je ne faisais que pleurer, pleurer, pleurer et encore pleurer…
Et voilà, je n’ai jamais remis les pieds à la Préfecture.
Ces trois années m’ont offert l’occasion de me poser, de rencontrer de très belles personnes et de vivre de super expériences. Je me suis aperçue que je n’étais pas faite pour travailler d’une part en administratif, et d’autre part pour l’Etat alors même que je ne partageai pas les mêmes valeurs.
Je n’ai jamais été aussi heureuse que depuis que j’ai pris la décision de tout plaquer et d’aller vers ce qui m’anime et me met en joie : accompagner les personnes qui en ont besoin, accompagner les femmes, transmettre, partager, animer des ateliers de cuisine, rencontrer de belles personnes, animer des ateliers pour les enfants, les personnes âgées… J’ai donc créé Re’Sources naturelles le 1er février 2023, une belle aventure…
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